Vous ne guérissez pas avec ce que vous savez mais avec ce que vous êtes. C.G. Jung

Qu’est-ce qui nous constitue en tant qu’être humain ? Comment répondre aux injonctions : « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’Univers et les dieux » et « Deviens qui tu es » ?

La guérison et la réalisation de soi sont un processus dont les étapes sont hiérarchisées.

La première étape répond au « Connais-toi toi-même ». C’est connaître son histoire. L’histoire d’une vie commence dès la conception : comment a-t-on été conçu ? Comment s’est passée la grossesse ? Puis l’accouchement pour la mère et la naissance pour l’enfant ? Comment avons-nous été accueilli par nos parents, notre famille ?

« Connais-toi toi-même » c’est aussi connaître l’histoire de ses deux lignées paternelle et maternelle : les mariages, les divorces, les décès, les enfants mort-nés, les maladies, les réussites, les défaites etc. Certains connaissent l’histoire de leurs lignées sur une centaine d’années. Le travail thérapeutique met en lumière les répétitions de génération en génération, fait rendre à chacun des ancêtres leurs responsabilité pour être libre de ce poids.

« Connais-toi toi-même » c’est aussi se connaître soi : quel est son rythme biologique (travail, repos…), ses aspirations (personnelles, professionnelles…), ce que nous voulons et ce que nous ne voulons pas. Comment se sont déroulés notre enfance, notre adolescence, notre entrée dans l’âge adulte ? Quels sont nos rêves ? Structurer le Moi, le rendre sain. Éveiller le Moi conscient pour aller voir ce qui s’exprime au fond de nous.

« Deviens qui tu es » c’est atteindre ce point central d’harmonie entre la personne et le monde. C’est s’inscrire dans l’ordre du monde psychologiquement et énergétiquement.

Être en santé physique et psychique c’est laisser agir en nous une transformation naturelle selon notre développement psychique, selon l’écoulement normal d’énergie entre notre conscient et notre inconscient (cette énergie est nommée la libido par Jung) et selon que nous nous rapprochons le plus possible de l’ordre du monde.

Le travail psychothérapeutique est de rendre conscient les contenus inconscients. L’un des objectifs de la psychologie des profondeurs c’est de donner accès à tous nos potentiels et d’aller éveiller le Moi conscient pour qu’il puisse prendre à profit cette énergie dont il dispose. C’est s’attaquer aux racines profondes de la souffrance, aux raisons conscientes et inconscientes qui nous gouvernent, à nos désirs etc.

L’étape suivante est de transcender ce que nous avons découvert sur nous-mêmes et de nous inscrire consciemment dans l’ordre du monde. Cela suppose avoir exploré le contenu de notre psyché, le Moi conscient et ses partenaires : la persona (la personnalité), l’ombre, l’animus/l’anima. Cela suppose également que nous nous soyons libérés de nos projections infantiles en nous responsabilisant, nous autonomisant c’est-à-dire en devenant adulte.

Transcender l’humain en soi c’est découvrir le Soi, le centre divin en chacun de nous qui est, pour Jung, une image psychique de la totalité transcendante. Unir les contraires en soi : le beau/le laid, l’ombre/la lumière, le féminin/le masculin c’est réunir la totalité (le Soi) et la personnalité (dont le Moi est le centre). Ce chemin est un chemin fait de patience, de créativité.

Répondre à l’injonction « Connais-toi toi-même » est une belle avancée sur le chemin de la vie. « Deviens qui tu es » est une démarche spirituelle et philosophique que l’on décide d’accomplir ou pas.

Sophie Barbé  

L’enfant abandonné émotionnellement

L’enfant abandonné émotionnellement

Le rejet et l’abandon sont les deux grands conflits de l’humanité.

Un enfant abandonné par ses parents est une affaire claire pour tout le monde : il n’a plus ses parents et il sera adopté par un couple qui veillera sur lui et l’élèvera, dans le meilleur des mondes.

Un enfant abandonné émotionnellement est une affaire beaucoup plus compliquée : cet enfant peut avoir ses parents, il n’est pas abandonné et pourtant, il l’est d’une certaine manière et il se vit comme abandonné ; il présente des bleus à l’âme, ce qui n’est pas visible. Ça l’est psychiquement : le moi de l’enfant est faible, il est angoissé, ne peut exprimer ses émotions et il aura tendance à développer un complexe d’infériorité. Il est adulte dans un corps d’enfant, c’est un enfant « parentifié » et il porte en lui la mémoire du vide. Quand il s’agit d’un abandon émotionnel, l’enfant se réfugie dans son espace intérieur et il peut se relier à son vide intérieur, il peut se sentir en sécurité dans son enfermement.

Les conséquences d’un rejet laissent des blessures psychiques profondes. L’enfant se vit sans consistance dans un espace vide. Il se vit comme n’ayant pas le droit d’exister (car s’il est rejeté pendant la grossesse, au niveau cellulaire l’engramme laissé est une négation de la vie).

Comme il est trop difficile pour le psychisme blessé de comprendre la raison de ce rejet, l’enfant va se l’attribuer à lui-même en devenant un enfant « méchant, mal poli ».

Paradoxalement, ces enfants sont habités par une volonté de vivre énorme malgré la dépression.

Un travail thérapeutique de longue haleine peut aider ces enfants, puis plus tard les adultes ayant vécu ces blessures, à se reconstruire.

Sophie Barbé

A quoi sert une psychothérapie ?

A quoi sert une psychothérapie ?

Il arrive qu’au détour de la vie, nous soyons confrontés à l’irrésolu : un deuil difficile, une perte d’emploi, un divorce, du harcèlement à l’école ou au travail, un changement difficile, des relations toxiques. Ces événements extérieurs nous bousculent intérieurement, nous désorientent, nous font quitter notre axe. Nous pouvons même entrer dans une dépression.

Certains choisissent de se tirer d’affaire seuls, d’autres consultent un ou plusieurs médecins et adoptent une médication, d’autres consultent un ou plusieurs thérapeutes. Rien n’est mieux que l’autre car dans ces difficultés il est nécessaire de choisir ce par quoi nous sommes attirés, là où nous mettons notre espoir et ce à quoi nous croyons.

Une psychothérapie sert à comprendre ce qui se joue dans notre intériorité, savoir où l’on en est exactement. Puis, de séances en séances, une psychothérapie permet de faire du tri et de mettre de l’ordre dans sa vie. Une psychothérapie permet de se dire intimement, d’oser aller à sa rencontre car la plupart du temps nous ne nous connaissons pas, « connais-toi toi-même » est-il écrit au fronton du temple d’Apollon de Delphes. Une psychothérapie met en lumière ce qui est caché en soi. Une psychothérapie permet de se libérer de son propre carcan et de devenir ami avec soi-même car le plus souvent nous ne nous aimons pas.

Apprendre à s’aimer, à se faire confiance, à se connaître, à savoir tirer profit des épreuves de la vie. Oser se transformer, tendre vers qui nous sommes vraiment. C’est tout cela une psychothérapie : c’est un temps que l’on s’offre pour réfléchir sur soi avec l’aide patiente et bienveillante du thérapeute.

Sophie Barbé