L’enfant abandonné émotionnellement
L’enfant abandonné émotionnellement
Le rejet et l’abandon sont les deux grands conflits de l’humanité.
Un enfant abandonné par ses parents est une affaire claire pour tout le monde : il n’a plus ses parents et il sera adopté par un couple qui veillera sur lui et l’élèvera, dans le meilleur des mondes.
Un enfant abandonné émotionnellement est une affaire beaucoup plus compliquée : cet enfant peut avoir ses parents, il n’est pas abandonné et pourtant, il l’est d’une certaine manière et il se vit comme abandonné ; il présente des bleus à l’âme, ce qui n’est pas visible. Ça l’est psychiquement : le moi de l’enfant est faible, il est angoissé, ne peut exprimer ses émotions et il aura tendance à développer un complexe d’infériorité. Il est adulte dans un corps d’enfant, c’est un enfant « parentifié » et il porte en lui la mémoire du vide. Quand il s’agit d’un abandon émotionnel, l’enfant se réfugie dans son espace intérieur et il peut se relier à son vide intérieur, il peut se sentir en sécurité dans son enfermement.
Les conséquences d’un rejet laissent des blessures psychiques profondes. L’enfant se vit sans consistance dans un espace vide. Il se vit comme n’ayant pas le droit d’exister (car s’il est rejeté pendant la grossesse, au niveau cellulaire l’engramme laissé est une négation de la vie).
Comme il est trop difficile pour le psychisme blessé de comprendre la raison de ce rejet, l’enfant va se l’attribuer à lui-même en devenant un enfant « méchant, mal poli ».
Paradoxalement, ces enfants sont habités par une volonté de vivre énorme malgré la dépression.
Un travail thérapeutique de longue haleine peut aider ces enfants, puis plus tard les adultes ayant vécu ces blessures, à se reconstruire.
Sophie Barbé